A partir des 5 accords majeurs de base, on peut jouer un tas d’accords dérivés qui augmentent considérablement les possibilités en matière d’accompagnement, de composition et d’improvisation, et qui rendent le manche de guitare beaucoup plus visible!
Voici les différents points abordés sur cette page :
- Le principe des accords dérivés
- Accords dérivés de l’accord majeur n°1 (avec fondamentale sur la 6e corde)
- Accords dérivés de l’accord majeur n°1 : suite
- Les accords dérivés, c’est vraiment utile!
- Accords dérivés de l’accord majeur n°2
- Accords dérivés de l’accord majeur n°3
- Accords dérivés de l’accord majeur n°4
- Accords dérivés de l’accord majeur n°5
- Exercices sur les accords dérivés
- Conseils sur les accords dérivés
Le principe des accords dérivés
Bon, d’accord, en regardant les deux accords à droite de l’accord majeur n°1 ci-dessous, vous allez peut-être me dire « hé, mais c’est les mêmes! ».
Oui, ce sont les mêmes, enfin presque: l’accord majeur n°1 compte six notes, tandis que les deux accords dérivés n’en ont que cinq. Et le deuxième accord dérivé n’a plus de fondamentale comme note la plus grave, mais bien une quinte. On est donc très proche de l’accord de base, mais avec ces petites différences, qui en font ce que j’appelle les accords dérivés. C’est subtil, mais en musique, la subtilité fait beaucoup. Voyons la suite.
Accords dérivés de l’accord majeur n°1 (avec fondamentale sur la 6e corde)
Si l’on garde la fondamentale sur la 6e corde, et qu’on fait des accords à 3 ou 4 notes, on obtient plusieurs accords dérivés de l’accord majeur n°1 :
Ces 4 accords dérivés ne sont donc que des « extraits » de l’accord majeur n°1, et cette observation est très importante : quand vous les jouez, essayer de voir l’accord de base en même temps. De cette manière, ce ne sont pas des nouveaux accords, c’est juste l’accord de base réalisé en omettant l’une ou l’autre note.
Si l’on prend en compte l’accord majeur de base, le 1er accord dérivé à 5 notes et les 4 accords dérivés ci-dessus, cela nous donne 6 versions différentes (avec la fondamentale sur la 6e corde) pour jouer un accord majeur au même endroit sur le manche de guitare, chaque fois à partir du E. Vous voyez où je veux en venir?
On pourrait pousser le bouchon encore plus loin en créant des accords dérivés à 3 ou 4 notes (toujours à partir de l’accord majeur n°1 et avec la fondamentale sur la 6e corde), mais dans lesquels il y a une ou plusieurs cordes entre chaque note. Mais on arrive chez les tordus, alors ça sera pour un autre article (« ha bon, c’était pas tordu jusque là? »).
Accords dérivés de l’accord majeur n°1 : suite
Allez, on continue. Si l’on ne joue plus la fondamentale sur la 6e corde, on se retrouve avec la quinte à la basse et l’on parle alors d’un accord renversé, ou d’un renversement. Voyons ce que ça donne:
En omettant la 6e et la 5e corde, on se retrouve à nouveau avec la fondamentale comme note la plus grave :
Il reste un petit accord à 3 notes sur les trois premières cordes, avec la tierce comme note la plus grave :
Donc à retenir : tous ces accords dérivés ne sont que des extraits d’un seul et même accord, l’accord majeur de base n°1, fait à partir du E. Le fait de les jouer va vous permettre de voir cet accord de diverses manières, sous plusieurs angles et le rendre ainsi beaucoup plus visible. Et aussi – très important! -, vous allez vous familiariser avec les intervalles et leur place dans cet accord, ce qui va être d’une grande aide pour l’improvisation.
Les accords dérivés, c’est vraiment utile!
Plusieurs choses sont vachement intéressantes avec ces accords dérivés :
- Vous avez un paquet d’accords pour accompagner! Avec tout ça, vous pouvez diversifier et enrichir votre accompagnement de façon déjà très étendue. Et cela vaut pour beaucoup d’autres styles en plus du jazz : prenez par exemple tous les accords dérivés qui se jouent sur les 3 ou 4 premières cordes, et vous aurez de formidables positions pour le reggae, le funk ou la pop. Et l’on pourrait continuer à développer pour le rock, la country, le blues, le folk, etc. Mais l’objet de ce blog, c’est quand même la guitare jazz!
- Vous avez un paquet d’accords pour composer! Le fait de voir que dans un accord de base, il y a en fait plein d’autres accords, cela décuple les possibilités pour vos créations. Vous tournez en rond avec les mêmes accords? Inventez à partir de cette démarche, vous trouverez rapidement de nouvelles positions que vous n’avez pas l’habitude de jouer, et par la même occasion, de nouvelles sonorités.
- Vous avez un paquet d’accords pour improviser! Bon, les solos en accords, ce n’est peut-être pas encore à votre portée, par contre l’improvisation dans les accords, avec cette technique, OUI! Encore une fois, l’idée est de rendre votre accord de base le plus visible possible sur votre manche de guitare, en le jouant dans tous les sens et sous toutes ses positions dérivées. Ce qui vous permettra de retrouver de plus en plus rapidement les bonnes notes de l’accord pour improviser.
Accords dérivés de l’accord majeur n°2
Bon, jusqu’ici on s’est attardé sur les accords dérivés de l’accord n°1. Je sens que vous brûlez d’impatience, alors voici sans plus attendre ceux de l’accord n°2 :
Accords dérivés de l’accord majeur n°3
Voici les accords dérivés de l’accord majeur n°3, avec la fondamentale à la basse :
Et les renversements :
Accords dérivés de l’accord majeur n°4
Voici les accords dérivés de l’accord majeur n°4, avec la fondamentale à la basse :
Deux renversements, et le petit dernier :
Accords dérivés de l’accord majeur n°5
Pour terminer (« quoi, déjà? »), les accords dérivés de l’accord majeur n°5 avec la fondamentale à la basse :
Les renversements avec la tierce à la basse :
Les renversements avec la quinte à la basse :
Et les deux derniers :
Exercices sur les accords dérivés
Pour pratiquer tous ces accords dérivés, vous pouvez déjà vous inspirer des exercices proposés sur la page « Accords majeurs » en cliquant ici.
Voici quelques pistes supplémentaires pour appliquer ce dont je vous ai parlé plus haut :
- Travailler les accords dérivés d’un seul accord de base, par exemple ceux de l’accord majeur n°1. Faites tous les accords dérivés possibles à 4 notes en allant des cordes graves vers les cordes aigües puis en remontant, puis faites tous ceux à 3 notes de la même manière.
- En se penchant à nouveau sur un seul accord de base à la fois, travailler en fonction des renversements : jouer tous les accords dérivés qui ont la fondamentale comme basse, puis ceux avec la tierce comme note la plus grave, puis ceux avec la quinte.
- Choisir un seul accord dérivé, et travailler des progressions harmoniques qui font appel à des accords majeurs :
- I – IV – I → exemple en Do majeur : C – F – C
- I – V – I → exemple en Do majeur : C – G – C
- I – IV – I – V – I → exemple en Do majeur : C – F – C – G – C
- I – IV – V – I → exemple en Do majeur : C – F – G – C
- I – V – IV – V – I → exemple en Do majeur : C – G – F – G – C
- I – IV – bVII – I → exemple en Do majeur : C – F – Bb – C
- I – bVI – bVII – I → exemple en Do majeur : C – Ab – Bb – C
- I – bIII – IV – I → exemple en Do majeur : C – Eb – F – C
- I – bII – bIII – I → exemple en Do majeur : C – Db – Eb – C
- Choisir deux ou trois accords dérivés, et travailler les progressions harmoniques ci-dessus.
- Travailler les progressions harmoniques ci-dessus avec n’importe quel accord dérivé de n’importe quel accord de base, de manière à trouver pour chaque nouvel accord dérivé la position la plus proche de l’accord précédent et limiter au mieux les mouvements sur le manche.
Conseils sur les accords dérivés
Voilà du travail pour les vingt années à venir, mais vous ne devez pas parfaitement maîtriser le sujet avant de passer à la suite! Et je vous entends dire « Ah, ouf ».
Ce qui compte, comme déjà dit sur ce blog, c’est de progressivement transformer ce bout de bois sur lequel on ne voit que des cordes et des cases au début, en un manche « cartographié » d’accords de base et d’accords dérivés. La visibilité, un des maîtres mots dans ma pédagogie, c’est ça qui permet de s’y retrouver et de passer du stade « je joue uniquement à l’oreille » à « je joue à l’oreille, j’entends, je sais et je vois ce que je joue, et je sais où je peux aller ».
Bon travail!